La GfaW Gesellschaft für angewandte Wirtschaftsethik salue l’intention du gouvernement fédéral de poursuivre le développement de sa stratégie de développement durable afin d’apporter sa contribution à la réalisation des Objectifs de développement durable de l’Agenda 2030. La GfaW considère en outre l’implication du public dans ce processus par la possibilité de prendre position comme une étape essentielle vers une compréhension participative de la démocratie et espère qu’au-delà de ces suggestions, les associations, institutions et initiatives engagées pour la durabilité seront systématiquement impliquées dans le développement de la stratégie de durabilité. De notre point de vue, la participation du plus grand nombre possible d’acteurs augmente les chances de succès de la résolution des problèmes mondiaux. Selon le GfaW, les solutions concrètes proposées dans le projet de stratégie sont bien en deçà des possibilités existantes. Même s’il est compréhensible que le gouvernement fédéral veuille mettre en avant ses propres initiatives dans le secteur public, il nous manque un engagement plus fort pour exploiter le grand potentiel existant dans le domaine de l’action privée. De nombreux acteurs de l’économie durable suivent déjà des voies exemplaires et se situent au plus haut niveau possible dans leur mode de gestion. La GfaW recommande donc vivement de dresser un inventaire de ces initiatives de bonnes pratiques, déjà mises en avant par les prix de l’Atelier-N et autres. Afin d’évaluer l’état actuel des connaissances et le statu quo en matière de durabilité, nous soutenons également expressément la création d’un registre public de tous les labels, marques et critères de durabilité existants et leur évaluation par des experts, comme l’a suggéré le Conseil de durabilité du gouvernement fédéral. Dans le détail, la GfaW conseille les mesures suivantes concernant les différents objectifs :
- Objectif 2 « Mettre fin à la faim, assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition, et promouvoir une agriculture durable « Le soutien à la recherche et au développement de l’agriculture biologique est bienvenu, mais pas suffisant. L’objectif de 20 % d’agriculture biologique est depuis longtemps déclaré par le gouvernement fédéral. Cependant, l’augmentation de la demande en aliments biologiques ne se fera pas uniquement par le biais de la recherche et de l’éducation, mais aussi, et surtout, par le biais d’un cadre politique. Une législation garantissant la comptabilisation de tous les coûts dans l’agriculture est attendue depuis longtemps, afin d’éviter que les coûts internes ne continuent à être largement externalisés. Ce désavantage commercial pour les fournisseurs de produits biologiques n’est pas tolérable compte tenu de l’épuisement actuel des sols et de l’eau, ainsi que du gaspillage et de la destruction d’autres ressources naturelles.
- Objectif 8 : « Promouvoir une croissance économique durable et inclusive, le plein emploi productif et un travail décent pour tous « La croissance économique (mesurée par le PIB) comme indicateur de la qualité de vie est dépassée. Il existe aujourd’hui de nombreuses autres approches et méthodes plus pertinentes pour mesurer le bien-être. La GfaW recommande d’utiliser des indicateurs de bien-être différenciés, tels que la santé, la satisfaction, la sécurité, etc. Transférer l’expérience du secteur textile concernant les chaînes d’approvisionnement mondiales à d’autres chaînes de production est une première étape utile. Mais il ne suffit pas de se concentrer sur une partie très médiatisée. D’autres secteurs connaissent des conditions de travail similaires, voire pires. Et le problème fondamental demeure : l’orientation vers la croissance dans notre pays ne fonctionne manifestement qu’au détriment de ceux qui se trouvent au début de la chaîne d’approvisionnement. Ici aussi, les conséquences sont externalisées. C’est pourquoi la réduction et même la suffisance ne doivent pas rester des orientations interdites. La prospérité au sens large n’est que très partiellement un acquis matériel.
- Objectif 12 « Assurer des modes de consommation et de production durables ». Les notions mentionnées sont ici nécessairement mises en avant : une économie réellement durable ne recule pas devant la réduction ou même la suffisance. Au contraire, la question du « si » et du « combien peu » est le point de départ de la pensée durable. L’économie durable se fonde sur la question du sens et de l’utilité et reste focalisée sur celle-ci.
Pour que la durabilité soit finalement récompensée, il est nécessaire de la rendre fiable et clairement identifiable. Dans cette optique, la GfaW soutient les efforts du gouvernement fédéral pour envoyer des signaux clairs. L’un des moyens de véhiculer des critères de qualité est de créer des labels. Outre le fameux éco-label et les autres labels légaux standard, il est possible de reconnaître, de publier et d’utiliser les labels environnementaux, sociaux et surtout de durabilité existants. Le portail en ligne « Siegelklarheit » mis en place par le gouvernement fédéral constitue une initiative importante dans cette direction. Grâce à une évaluation appropriée et exigeante des labels de qualité existants, ce site offre aux consommateurs une transparence et une possibilité d’orientation. Le portail devrait être développé, mis à jour en permanence et doté d’une expertise suffisante provenant de l’éventail des institutions et initiatives existantes – notamment pour éviter une dilution des critères de durabilité qui y sont déterminants. La GfaW plaide explicitement pour un niveau élevé d’évaluation des labels qui seront finalement recommandés. Les normes utilisées devraient aller bien au-delà des exigences de l’écolabel (labels des associations de producteurs, labels de produits biologiques et autres labels bio, CSE Certified Sustainable Economics, etc. – voir également www.labelonline.de).Un autre pas très efficace vers la durabilité devrait être le soutien public à la conversion. Inspirée de l’aide à la conversion dans l’agriculture biologique, une aide d’environ 3 ans peut sans aucun doute aider les entreprises à changer de mode de production et de structure et à passer une certification. Une participation de l’État aux frais de contrôle devrait déjà accroître considérablement la volonté d’obtenir une certification de durabilité. Dans un contexte où les entreprises peu durables continuent de répercuter leurs coûts sur l’ensemble de la société, un soutien public aux entreprises d’intérêt général est plus que judicieux d’un point de vue économique.